Rendez-vous de la recherche
Trois de ces webinaires étaient axés sur les résultats de l'étude COVIDEHPAD qui décrit et analyse la manière dont les professionnels des Ehpad, les résidents et leurs proches ont fait face au confinement, à la fin de vie, à la mort et au deuil lors de la première vague de l’épidémie de Covid-19. Le quatrième fait le bilan d'une revue de littérature.
Habiter en EHPAD : en temps ordinaire et en temps de pandémie
Lundi 23 janvier 2023
Des entretiens réalisés avec 37 résidents vivant dans 15 établissements ont mis en évidence des expériences variées du premier confinement en fonction des modalités de l'"habiter en Ehpad". Ceux qui vivaient repliés dans leur chambre ont vu peu de différences par rapport à leur vie d’avant tandis que ceux qui s'appropriaient les espaces collectifs l'ont davantage perçu comme une privation. Enfin, ceux qui étaient tournés vers l’extérieur de l’établissement insistent plutôt sur l’absence de liberté de circuler. Trois autres facteurs éclairent également les expériences du confinement : les modalités de confinement mises en place par l’Ehpad, les ressources occupationnelles ou relationnelles que les Ehpad ont pu mobiliser et la trajectoire antérieure des résidents.
Invités :
Frédéric BALARD, maître de conférences en sociologie
Pauline LAUNAY, post-doctorante.
Laboratoire lorrain de sciences sociales (2L2S), université de Lorraine.
Discutant :
Stéphane CORBIN, directeur adjoint de la CNSA
Adaptations des pratiques professionnelles dans le contexte du premier confinement
Jeudi 9 mars 2023
Entre février et mai 2020, l’entrée du virus et la surmortalité dans les maisons de retraite a généré de fortes incertitudes avec lesquelles les professionnels ont dû composer. À partir d’une enquête par entretiens auprès de 58 professionnels exerçant dans 13 Ehpad, deux types de résultats sont mis en évidence. D’une part, les directions ont œuvré à pallier la pénurie de matériel de protection tandis que les médecins coordonnateurs se sont appuyés sur les savoirs acquis par l’expérience d’épidémies antérieures, tout en conduisant un travail d’actualisation et de diffusion des connaissances médicales et scientifiques, en élaboration permanente. D’autre part, ces équipes ont été amenées à modifier le fonctionnement interne de l’ensemble des professionnels : présence dans les espaces, division du travail (glissement de tâches), ce qui a généré un surtravail pratique et symbolique.
Invités :
Françoise LEBORGNE-UGUEN, professeure de sociologie et Clément DESBRUYERES, doctorant en sociologie
Laboratoire d’études et de recherche en sociologie (LABERS) - EA 3149
Université de Bretagne Occidentale
Discutant :
Romain GIZOLME, directeur de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA)
Accompagnement de la fin de vie et traitement des défunts en EHPAD pendant la première vague de COVID-19
Jeudi 11 mai 2023
L’accompagnement des résidents en fin de vie a été compliqué par l’urgence de la situation et par le manque de personnel. Les professionnels évoquent une temporalité de travail accélérée et expriment le regret de n’avoir pas toujours pu accompagner «dignement» les résidents qui ont été fortement privés de visites de leurs proches au moment du premier confinement. En temps ordinaire, les professionnels estiment que l’accompagnement de fin de vie des résidents est une dimension essentielle dans le travail du care. Or, les conditions d’exercice pendant le premier confinement ont limité la durée et la qualité des interactions. Le toucher et les marques d’affection qui, d’ordinaire, occupent une place importante ont été entravés par les protocoles sanitaires. Cette limitation de la dimension relationnelle a bousculé les valeurs partagées par ces professionnels. Aussi, le traitement du corps, puis de la dépouille n’ont pas permis de déployer les rites habituels qui donnent du sens à l’accompagnement et à la mort.
Invités :
Aline CHASSAGNE, socio-anthropologue, maître de conférences,
Centre d’investigation clinique (CIC) 1431 INSERM
CHU de Besançon & Université de Franche-Comté
Germain BONNEL, sociologue, Université de Lille
Discutant :
Régis AUBRY, professeur associé de médecine palliative, CHU de Besançon, membre du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) et investigateur principal de l'étude COVIDEHPAD.
Parler de la fin de vie et de la mort avec les personnes en perte d'autonomie
Mardi 30 avril 2024
Présentation des résultats d’une revue de la littérature portant sur les conditions dans lesquelles les personnes âgées dépendantes et handicapées discutent de la fin de vie avec les proches aidants ou les professionnels, et ce, dans un contexte non hospitalier. Cette revue cherche, en outre, à repérer les lacunes dans la littérature existante. Elle utilise la méthodologie PRISMA et englobe les publications en anglais et en français, de l'an 2000 à mars 2023, dans les champs des sciences sociales. Au total, 28 articles ont été inclus. Les résultats de ces contributions tendent à indiquer que les discussions sur les questions de fin de vie sont peu fréquentes en raison de divers problèmes rencontrés au cours du processus dont le principal émane des difficultés de communication liées aux handicaps de cette population. Malgré la diversité des populations handicapées et âgées, la majorité des publications se concentre sur des sous-groupes spécifiques, à savoir les personnes âgées fragiles avec ou sans démence légère et les personnes présentant des handicaps intellectuels peu sévères, laissant ainsi une partie importante de la population cible inexplorée.
Invités :
Sabine JOBEZ, chargée de mission à la Plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie
Discutante :
Marie-Odile VINCENT, psychologue, directrice de l'EHPAD Jacques Bonvoisin à Dieppe.