Programme de recherche interdisciplinaire sur la fin de vie
INTRODUCTION
Ce programme s'inscrit dans la Stratégie décennale pour les soins palliatifs et les soins d'accompagnement. Son objectif est de soutenir la recherche en santé et en sciences humaines et sociales, qu'elle soit fondamentale ou clinique. Il est doté d’un budget de un million d'euros par an.
Il est piloté par l'Agence de programmes de recherche en santé de l'Inserm et s'articule avec l’activité de structuration, d’animation et de valorisation de la recherche menée par la Plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie.
La recherche est en effet devenue un objectif important des politiques publiques concernant la fin de vie. La Plateforme a été créée en 2018 pour fédérer un réseau de chercheurs et à contribué à l'élaboration de ce programme.
Le programme de recherche interdisciplinaire Fin de vie est coordonné scientifiquement par Régis AUBRY et Sarah CARVALLO, assistés par Clément CORMI (responsable).
Contexte
En France comme dans la plupart des pays développés, la fin de vie soulève des enjeux majeurs en termes d’autonomie, de dignité, de prise en charge, et pose des questions plus générales sur le sens et la valeur de cette expérience.
La fin de vie concerne des personnes âgées ou très âgées (85% des décès surviennent après 60 ans), mais aussi des individus malades, y compris des enfants. Au cours des dernières décennies, l’évolution démographique et les progrès de la médecine ont conduit à une augmentation des situations de fin de vie. Si celles-ci ont majoritairement lieu en institution ou à l’hôpital, de grandes inégalités d’accès aux soins palliatifs persistent.
Dans ce contexte, on assiste à une transformation anthropologique de la perception de la mort et du vécu de la fin de vie. Une compréhension adéquate des reconfigurations de notre rapport à la mort et à la fin de vie est nécessaire, tout comme une réflexion sur les formes d’accompagnement, l’amélioration et la pertinence des prises en charge médicales.
Le vécu de la fin de vie est souvent marqué par la souffrance. Si la compréhension et la prise en charge de la douleur ont beaucoup progressé, les personnes en fin de vie expriment généralement une souffrance psychique ou d’ordre existentiel liée à certaines pertes de capacité (à accomplir des gestes quotidiens ou à participer à des activités qui sont importantes pour elles) ainsi qu’au sentiment d’échec, d’abandon et d’isolement lié à l’impossibilité de guérir. Cette vulnérabilité accompagnée de sensations de dégradation inéluctable et irréversible vers la mort peut susciter des demandes de précipiter le décès.
L’anticipation des situations de fin de vie, avec la mise en place de soins palliatifs précoces, améliore la qualité de vie des personnes concernées et de leurs proches tout en réduisant le coût médico-économique de leur prise en charge. Plusieurs dispositifs (directives anticipées, personne de confiance) permettent également aux citoyens de préserver l’autonomie de leur décision le plus longtemps possible. Malgré tout, la mort et la fin de vie restent des sujets difficiles à anticiper. Cette incertitude pèse également sur les professionnels de santé, qui doivent accompagner des trajectoires complexes en tenant compte des contraintes organisationnelles, éthiques et émotionnelles.
Il s’agit donc de comprendre pourquoi ces difficultés persistent et de proposer des voies innovantes pour mieux adapter ces trajectoires, tant pour les patients et leurs proches que pour les soignants.
Appel à candidatures pour la constitution de consortia
L'appel à candidatures (AAC) du programme de recherche interdisciplinaire sur la fin de vie a pour objectif de constituer au maximum trois consortia interdisciplinaires pour structurer et développer des projets de recherche d’ambition internationale autour de l’un ou l’autre des axes thématiques suivants :
- Les souffrances, l’expérience vécue en fin de vie (des malades, des proches, des professionnels de santé), les demandes de mort.
- L’anticipation des enjeux liés à la fin de vie à travers les parcours de santé, les besoins en soins palliatifs et les différents moments de vulnérabilité.
Cet AAC s’adresse à toute équipe ou chercheur potentiellement intéressé par ces thématiques, dans la perspective d’intégrer un consortium interdisciplinaire de recherche sur la fin de vie. Il concerne uniquement celles et ceux travaillant dans une institution française, quelles que soient leurs affiliations institutionnelles et leurs ancrages disciplinaires.
L'AAC sera mené sous l’égide d’un Conseil scientifique international (Scientific Advisory Board SAB) qui sélectionnera les candidats et leur assignera des équipes partenaires avec lesquelles constituer un consortium.
Chaque consortium disposera via l’agence de programme de recherche en santé d’un financement starter de 800 000€ répartis sur 3 ans pour lancer son programme.
Calendrier
10 mars 2025 > lancement
10 juin 2025 > clôture
Juillet-Août 2025 > consultation du scientific advisory board (SAB)
Septembre 2025 - Janvier 2026 > structuration des consortia
Février 2026 > validation des projets des consortia
Mars 2026 > conventionnement et financement starter
Les différentes étapes
L’AAC se déroulera en trois étapes :
- Phase 1 : rédaction des lettres d’intention et évaluation des propositions de chercheurs ou équipes de recherche par un scientific advisory board.
- Phase 2 : rapprochement des propositions convergentes sous forme de consortia, travail au sein des consortia pour structurer un programme de travail sur 5 ans avec l'aide du responsable du programme.
- Phase 3 : lancement des consortia après validation des projets, désignation de deux responsables ou coordinateurs interdisciplinaires (SHS/Santé) de consortium, financement.
Les lettres d’intention pourront être déposées par une équipe, ou par une ou un chercheur seul. Par équipe, il est entendu ici une équipe-projet constituée uniquement de membres d’une même unité de recherche. Dans le cas d’une lettre d’intention déposée par une ou un chercheur seul, celui-ci devra présenter le réseau de chercheurs avec lequel il collabore ou envisage de collaborer. Chaque projet devra indiquer dans laquelle des deux thématiques ci-dessus il souhaite s’inscrire.
Après l’évaluation par le SAB, les équipes et les chercheurs sélectionnés constitueront un consortium axé soit sur la thématique de la « souffrance et l’expérience vécue en fin de vie » soit sur la thématique de « l’anticipation ».
Chacun de ces consortia interdisciplinaires élabora dans un second temps un programme de travail commun et cohérent. Ce programme de recherche sera composé de plusieurs projets répartis entre les différentes équipes impliquées sous forme de lots de travail (Work packages WP). Ces projets devront être programmés pour une durée de 5 ans.
Les chercheurs, les équipes de recherche, puis les consortia seront soutenus et accompagnés par le responsable du Programme de recherche interdisciplinaire sur la fin de vie.
Phase 1 : la lettre d'intention
Chaque chercheur ou équipe de recherche est invité à proposer dans une lettre d’intention un projet de recherche autour d’une des deux thématiques prioritaires retenues, c'est à dire soit « la souffrance et l’expérience vécue en fin de vie », soit « l’anticipation ». Un chercheur ou une équipe ne peut déposer qu’une seule lettre d’intention à son nom dans le cadre de cet appel à candidatures.
Chaque chercheur ou équipe devra :
- Être à même de démontrer l’intérêt scientifique du projet proposé au sein de la thématique prioritaire.
- Envisager d’emblée des interactions pluridisciplinaires pour préparer les innovations clés dans le domaine de la fin de vie, des soins palliatifs et de l’accompagnement.
- Intégrer une analyse en termes de durabilité. L’avenir de la fin de vie pose en effet la question de la soutenabilité de notre modèle de soins palliatifs et d’accompagnement.
- S’inscrire dans une démarche de science ouverte.
Télécharger le modèle de lettre d'intention
La lettre d'intention doit impérativement être au format PDF non protégé, taille de police : 11, Arial, interligne 1. Tout document dépassant 5 pages rendra automatiquement le dossier non recevable.
La lettre d’intention complète doit être déposée via le formulaire ci-dessous avant le 10 juin 2025 à 17h.
Phase 2 : Formation des consortia
Les lettres d’intention rédigées seront analysées par le jury international constitué par les membres du SAB du Programme de recherche interdisciplinaire sur la fin de vie.
Le jury évaluera la qualité scientifique des propositions sur les critères suivants :
- Excellence et ambition scientifique du projet décrit dans la lettre d’intention.
- Clarté des objectifs et des hypothèses de recherche.
- Caractère novateur, ambition, originalité, rupture méthodologique ou conceptuelle du projet par rapport à l'état de l'art.
- Pertinence de la méthodologie.
- Adéquation aux thématiques de l’AAC.
- Qualité du/des porteur(s) de projet : compétence, expertise et implication du/de la responsable du projet.
- Ambitions interdisciplinaires.
- Implications inter-régionales et portée territoriale, y compris les territoires ultramarins.
- Potentielles synergies au sein d’un consortium.
- Pertinence du projet de recherche pour le projet de consortium.
- Pertinence des outils et des ressources humaines mobilisables pour le projet de consortium.
Le jury évaluera la qualité scientifique des propositions, se prononcera sur leur adéquation avec les objectifs du Programme et sur leur capacité à s’intégrer dans un programme de travail au sein d’un consortium pluridisciplinaire. Il établira une liste de propositions, aboutissant à la formation de deux ou trois consortia, respectivement sur la souffrance et l'anticipation. Au sein de chaque consortium, les équipes sélectionnées seront alors invitées à rédiger un programme de travail commun sous la responsabilité de deux coordonnateurs/coordinatrices, l'un en santé, l'autre en SHS.
Vidéo annonçant le lancement du Programme de recherche interdisciplinaire Fin de vie lors des journées scientifiques de la Plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie le 26 novembre 2024.