Mise en place d'un accompagnement basé sur la rétrospective de vie en soins palliatifs
La psychologie de la fin de vie reste à construire. L'accompagnement des mourants mérite de faire l'objet de travaux scientifiques permettant d'en consolider les fondements, d'en comprendre les spécificités interindividuelles, et d'en augmenter l'efficacité quant à la sérénité du trépassé et celle de son entourage. Autant il existe une psychologie du deuil assez étoffée (Bacqué, 1997, 2000 ; Bourgeois, 2003 ; Freud, 2004, 2013) autant on peut déplorer l'absence d'une psychologie de la mort sous l'angle du vécu, émotionnel et cognitif, profond de la fin de vie. Notre projet s'inscrit dans ce nouveau champ de recherche. Notre projet se propose de mettre en place un accompagnement de la fin de vie en l'inscrivant dans l'histoire de vie par l'entremise de la rétrospective de vie. La rétrospective de vie ou la revue de vie réfère à l'évocation de souvenirs d'événements personnels et à l'analyse systématique qui s'ensuit. Il s'agit plutôt d'un processus structuré de réinterprétation de l'ensemble de l'existence soutenu par la volonté du sujet (Haber, 2006). La rétrospective vie est traversée de part en part par un travail émotionnel et cognitif. Les premiers travaux utilisant la rétrospective de vie (Butler, 1963) se basent essentiellement sur le modèle du développement psycho-social de Erickson (1950, 1959) qui présente la rétrospective de vie comme une sorte de pont psychologique (émotionnel et cognitif) qui relie le passé au présent. La rétrospective de vie permet au sujet de revoir sa vie comme un tout cohérent et de se percevoir comme étant le même malgré les transformations et les menaces à son intégrité physique dont il est l'objet et, participant ainsi au bien-être psychologique de l'individu vieillissant, ou à la sérénité du mourant dans notre projet (K'Delant, Gana, & Mezred, 2012). L'utilisation de la rétrospective de vie pour accompagner les mourants a donné lieu à certains travaux scientifiques (Canada, Japon, Suisse, États-Unis) qui méritent d'être contre-validés et répliqués. Ces travaux comparent des groupes contrôlés randomisés de patients et considèrent l'impact de l'intervention sur des variables liées à la qualité de vie. Cependant, peu se centrent sur les facteurs cognitifs ou perceptions subjectifs tels que le sentiment de gratitude ou la satisfaction de vie. L'accompagnement de la fin de vie par l'entremise de la rétrospective de vie n'a jamais été évalué auprès d'une population française en soins palliatifs ce qui limite les possibilités de comparaisons entre les diverses études internationales.
- Rétrospective de vie
- Lits identifiés de soins palliatifs - LISP
- Soins de support et interventions non médicamenteuses
- Université de Bordeaux