La stèle, le lierre et le chrysanthème. Produire et contrôler les paysages funéraires au XXIème siècle.

Ce travail de thèse porte sur l’influence de l’écologie, en tant qu’ensembles de savoirs et de pratiques appropriés par les acteurs de l’aménagement des espaces funéraires, dans l’évolution contemporaines des formes du cimetière communal français et des pratiques qui y ont cours. Les cimetières français, caractérisés, depuis un demi-siècle, par leur aspect fortement minéralisés, sont pris malgré eux dans un mouvement général de verdissement des espaces publics, qui vise à répondre aux problématiques contemporaines de l’aménagement (en particulier en milieu urbain) à partir de concepts et de considérations parfois assez librement inspirés du domaine de l’écologie scientifique. Ce mouvement général contribue à faire évoluer la place occupée par la nature dans l’espace funéraire, par l’introduction de formes nouvelles du vivant. Ce renouvellement de la présence de la nature porte implicitement le projet d’un renouvellement de la place du corps mort et du corps en décomposition au sein de l’environnement, et, par l’évolution conséquente du paysage funéraire, le projet d’une évolution du rapport à la mort.

Ce projet de thèse s’appuie sur un mélange de méthodes qualitatives et quantitatives, qui vise à inventorier l’évolution des cimetières français, estimer l’impact des politiques d’aménagements, et interroger leurs conséquences sociales, culturelles et anthropologiques. Il s’agit à la fois de mobiliser des méthodes issues des sciences exactes et expérimentales (inventaires faunistiques et floristiques, télédétection) pour objectiver l’évolution du paysage funéraire, et des méthodes issues des sciences sociales et humaines (entretiens semi-directifs, analyse de contenu, questionnaires) pour saisir de façon plus fine comment ces changements ont été vécus, interprétés, célébrés ou rejetés. Le cadre conceptuel choisi s’inspire de trois grands groupes de penseurs : les intellectuels rompus à la sémiotique de la fin des Trente Glorieuses, comme Jean Baudrillard ou Roland Barthes, dont les concepts permettent une analyse fine du sens des productions physiques ; les intellectuels post-modernes, comme Bruno Latour ou Philippe Descola, qui permettent le dépassement de la frontière Nature/Culture ; enfin, les penseurs de la décomposition et de l’abandon du paysage, comme Robert Smithson ou , essentiels pour comprendre le rôle que le naturel joue dans la production d’un paysage mortifère.

Le terrain choisi est celui de la Métropole de Lyon, formé d’un ensemble composite de 59 communes qui répondent toutes de façon différenciée aux impératifs et questionnements écologiques ; la ville de Lyon, en particulier, a été pionnière en matière d’écologisation des cimetières, via un partenariat avec la Ligue de Protection des Oiseaux, qui a conseillé la direction des cimetières locale dans le choix de leurs aménagements. Ce terrain présente une diversité de situations au regard de la place que les morts occupent dans l’espace : si, dans certaines communes, le cimetière incarne un équipement de petite taille, souvent à l’écart du centre urbaine, la ville de Lyon accueille quand à elle quatre cimetières dont trois de taille supérieure à quinze hectares ; ces cimetières, intégrés au tissu urbain, font partie intégrante de la ville et font l’objet d’usages parfois difficilement conciliables, ce qui pose la question du devenir des cimetières intra-urbains et des rôles qui peuvent être conférés à ces espaces. Enfin, les récentes évolutions du fonctionnement de l’administration territorial a également ouvert la voie à l’émergence de cimetières intercommunaux, de taille importante, situés en marge de l’espace urbain, et qui interrogent la capacité de l’échelle intercommunale à faire territoire.

Sous la direction de Yves-François LE LAY et Lionel LASLAZ.

Lien vers theses.fr : https://www.theses.fr/s357784

 

Thèmes
Disciplines
Mots-clés
  • Cimetières
  • Ecologie urbaine
  • Espace funéraire
  • Pratiques funéraires
Date de début
2022
Statut
en cours de réalisation
Responsable(s) du projet
Louis DALL'AGLIO (doctorant)
Établissement porteur du projet
  • École normale supérieure (ENS) de Lyon
Équipe projet
Contact
Louis DALL'AGLIO
louis.dallaglio@ens-lyon.fr