Corps inertes, morts mobiles. Les trajectoires des morts en France : (dé)placements, circulations et représentations

Un mort peut-il être mobile ? Le paradoxe vient immédiatement à l'esprit : comment un mort, inerte par définition, pourrait-il se mouvoir ? Ce projet de thèse part du constat que les morts, loin d'être condamnés à l'immobilité et à un état de stationnement, deviennent mobiles par la volonté des vivants. Ainsi, du lieu de décès au lieu de sépulture, ou de dispersion des cendres, s'organise toute une mise en circulation des morts. Domicile, hôpital, maison de retraite, voie publique, chambre mortuaire, chambre funéraire, corbillard, ferry, avion, hélicoptère, lieu de cérémonie, crématorium ou encore cimetière : nombreux sont les lieux et moyens de transports, traversés ou consacrés aux morts, qui contreviennent à cet apparent paradoxe. Dès lors, quelles sont les modalités de prise en charge et de prise en compte des morts à l'échelle du territoire français ? Quels sont les dispositifs et les infrastructures mis en place pour le traitement des morts et quelles en sont les évolutions ? Comment les trajectoires des morts relèvent-elles d'enjeux culturels, sociaux, identitaires et politiques ? Ce projet de thèse vise à mettre en lumière l'importance de ces questions en mobilisant plusieurs espaces ateliers privilégiés (Paris et la petite couronne ; le Finistère ; La Réunion), complétés également par quelques espaces-ateliers complémentaires. La méthodologie, principalement qualitative, se concentre sur des observations en immersion au sein de chambres mortuaires en milieu hospitalier mais surtout au sein d'entreprises de pompes funèbres, ces dernières étant au cœur de la prise en charge des morts. Ce projet s'appuie également sur des entretiens réalisés avec les différents acteurs du milieu médical ou funéraire. La réalisation de cette thèse cherche à acquérir une meilleure appréhension de la carte française des trajectoires des morts qui est amenée à évoluer : selon les projections de l'Insee, la France devrait compter environ 800 000 décès vers 2045 contre 600 000 aujourd'hui.

Sous la direction de Xavier BERNIER

Lien vers la fiche du projet : https://theses.fr/s394755