Bruno KUETE
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Unité de Recherche Confluence Sciences et Humanités, Université catholique de Lyon/ (EA1598)10 place des Archives69288 LYON CEDEX 2
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Unité de Recherche de Philosophie et de Sciences Sociales Appliquées (Université de Dschang, Cameroun)/ URPHISSA
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Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés de l'Université Laval (2325 Rue de l'Université, Québec, QC G1V 0A6, Canada)IVPSAUniversité Laval
- Accompagnement des patients
- Agonie
- Analyse du débat public
- Anticipation / Directives anticipées
- Autonomie des personnes en fin de vie
- Désir de mort / Euthanasie / Suicide assisté
- Ethique / Bioéthique
- Evaluation des pratiques professionnelles / dispositifs / outils et échelles
- Fin de vie à domicile
- Fin de vie en établissement hospitalier / établissement médico-social
- Limitations et arrêt des traitements
- Philosophie de la mort
- Politiques de santé
- Prise en charge de la douleur
- Qualité de vie
- Représentations sociales et culturelles
- Souffrance psychique et existentielle
- Vécus et perceptions
- Accès aux soins palliatifs
- Accompagnement de la fin de vie
- Accompagnement du deuil
- Accompagnement
- Accès aux soins
Dans mes travaux de recherche soutenus en Philosophie et dans mes différentes publications scientifiques mon approche interdisciplinaire consiste à aborder la médecine sous le prisme d’un objet pluriel du point de vue de ses enjeux épistémologiques et de ses aspects pratiques. J’y montre par exemple que le corps qui est examiné, ausculté, regardé, touché, ponctionné, incisé est aussi le corps qui ressent, perçoit, aime et souffre et n’est pas réductible à la connaissance savante ou à la représentation anatomo-physiologique. Ce corps est aussi le produit inachevé d’une construction sociale et est, au-delà des organes, « matière de symbole, objet de représentations et d’imaginaires », et donc présence à soi, présence au monde et image de soi. Du point de vue de la phénoménologie herméneutique, le corps y est à la fois abordé comme corps-objet de soin et corps-sujet de soin et le sujet malade indissociable de ce corps est considéré comme sujet historial en tant qu'il se raconte et raconte, par le travail du récit et de la clinique, son expérience et son vécu de la maladie et de la souffrance en contexte de fin de vie.
En effet, l’axe principal de mes recherches consiste en une réflexion interdisciplinaire, quoiqu’avec un fond dominant philosophique, sur le corps, la maladie, la santé, le vieillissement et la mort face au phénomène de médicalisation et de technicisation de l’existence qui caractérise nos sociétés modernes, sécularisées et euphoriques.
- Kuete (Bruno), « Éthique et soin. Le paradoxe de la catégorie du mourant en fin de vie ». Jusqu’à la mort accompagner la vie. Presses Universitaires de Grenoble, n° 153, février 2023, pp. 83-94. https://doi.org/10.3917/jalmalv.153.0083
Dans mon article, j’interroge les représentations et imaginaires de la notion de « mourant » à la croisée de la rationalité médicale et des sociétés euphoriques et d’algophobie. Cette rationalité médicale est aussi la logique à l’œuvre d’une médecine dépourvue du sens de la limite, de la non-maîtrise et de la dé-maîtrise. Dans ces sociétés la catégorie du mourant est anthropologiquement et socialement construite pour évacuer la mort et les souffrances existentielles devenues des « maladies » ou des « problèmes » sociaux ou sociétaux pour la science médicale et la société. Je pose la question de savoir si le terme « mourant » semble insaisissable et impensable, et se révèle être une incohérence et une antinomie, alors comment travailler à saisir le sens, la temporalité et les enjeux éthiques et ontologiques de son usage en fin de vie ? Je me demande s'il faut-il voir dans l’usage de ce terme en fin de vie un pis-aller symbolisant la difficulté conceptuelle à penser et à déterminer cette temporalité de l’existence et l’intrusion d’un état existentiel de mort dans la vie.
- Kuete (Bruno), « Métamorphose des frontières de la mort et crise du mourir : le soin sous tension ? ». Cahiers de l’URPHISSA, Varia, n° 3, mai 2022, Dschang, pp. 79-93. https://hal.science/hal-04244200v1
Dans cet article je travaille à comprendre comment les progrès de la médecine en réanimation ont bouleversé les « évidences » et représentations de la société, et conduit à un changement de paradigme à partir duquel la constatation et la définition de la mort pouvaient être établies. Ils ont introduit une métamorphose symbolique et sociale, en termes de mutation du regard et de l’imaginaire social dans le rapport à la mort ayant donné lieu à des interrogations sur ce que les sociologues et anthropologues ont appelé « mort sociale ». Mon angle d’approche dans cet article consiste à partir de l’essor de la médecine moderne, en termes de vaccination, d’anesthésie, d’innovations thérapeutiques, d’imagerie médicale et de de découverte de la morphine. Ces progrès ont révolutionné aussi bien la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies, l’organisation des soins que la prise en charge de la douleur. La perspective visée est de montrer que l’allongement de l’espérance de vie, sans nécessairement une qualité de vie, la transformation scientifique et technique de la médecine et la capacité préventive, thérapeutique et prédictive de la biomédecine participent d’un repoussement des frontières limitatives de la mort.
- Kuete (Bruno), « Le travail du care à l’épreuve de l’identité de genre : dégenrer et politiser le care dans un monde commun ». Cahiers de l’URPHISSA, Varia, n° 4, décembre 2023, Dschang, pp. 29-45. https://hal.science/hal-04624411v1
Dans cet article j’aborde la question du soin dans une approche à la fois sociologique, anthropologique, politique, éthique et épistémologique. L’approche interdisciplinaire et critique de la notion de « soin médical » vise aussi à rendre compte des complexités sémantiques de la traduction française du concept à la fois descriptif, critique et émancipatoire du care. Elle vise à montrer que les pratiques de la médecine et les pratiques de soin ne sauraient se contenter d’une éthique médicale ou d’une simple casuistique, et que si elles nécessitent une éthique du soin pour les encadrer, celle-ci devrait s’entendre du point de vue des éthiques et politiques du care. La perspective visée étant une extension de la relation de soin à la relation de care et donc à une société du care : ce qui implique que la médecine renoue avec le sens originel du soin afin de repenser l’hospitalité et la sollicitude qui la caractérisent traditionnellement.
- Kuete (Bruno), « Panser et (re)penser la relation de soin à l’ère de la culture de l’invulnérabilité à partir des éthiques et politiques du care dans notre monde commun », contribution au Colloque doctoral de la Faculté de Philosophie de l’Université Catholique de Lyon « La relation : concept clé pour une révolution civilisationnelle ». 27-28 mai 2024 (Après avis du comité de lecture et du comité scientifique ma communication a été sélectionnée pour la publication dans les Actes du colloque en août 2025 aux éditions Vrin). https://www.ucly.fr/l-ucly/agenda/colloque-la-relation-concept-cle-pour-une-revolution-civilisationnelle/
Dans ce travail, je montre que s’interroger sur la place, les apports, défis et enjeux de la relation dans le projet d’une révolution civilisationnelle
nécessite que l'on questionnent au préalable les théories éthiques et politiques choisies dans les sociétés démocratiques en termes de valeurs, d’offres et de qualité de soin. En un sens sociologique, ces théories déterminent les conditions de possibilité de construction d’une société du care au sens où l'entend Joan Tronto, pour qui « la légitimité de l’éthique du care dépendra du caractère satisfaisant de la théorie sociale et politique dont elle fait partie ». L’enjeu est alors de montrer que délégitimer le care et occulter la pertinence de son ancrage dans le champ politique participent à détourner le regard des questions éminemment politiques et sociales qu’il pose à chacun et surtout au politique. Quel type d’accompagnement et donc de relation voulons nous réserver aux plus vulnérables, et en particulier au malades en fin de vie, ou alors ne voulons nous pas avoir avec ces derniers ? Si l’accompagnement en fin de vie suppose la mise en relation et ce qu’il reste à faire quand on ne peut plus rien faire, comment comprendre l’accompagnement dont il est censé être question dans l’aide à mourir étant entendu qu’elle conduit à une coupure relationnelle et à une rupture anthropologique majeure ? Les éléments de réponse à ces questionnements dépendront des théories politiques, sociales et éthiques de la
société au sein de laquelle ils se posent.